Réaction de Mgr André Marceau, évêque de Nice,
suite à l’exécution d’Hervé Gourdel
Nous venons d’apprendre une terrible nouvelle et elle nous rejoint particulièrement, habitants des Alpes-Maritimes, qui que nous soyons, quelle que soit notre religion, nos
approches philosophiques, quelles que soient nos appartenances. Cet événement ne peut
que nous choquer, nous toucher au coeur, nous faire mal lorsque l’homme s’attaque à l’homme de cette manière-là, que nous pouvons, comme beaucoup, taxer de barbare.
C’est notre espérance dans l’homme, notre foi dans l’homme qui est mise à mal. Et nos pensées vont évidemment tout d’abord à celui qui a été l’objet, si j’ose dire, de cette terrible mort. Cet homme dont on nous dit qu’il était un amoureux de la nature, montagnard. Cet homme qui, sûrement aimait communier dans la découverte de ces paysages, dans la solitude, dans la marche,
avec ce qui peut être au plus profond de l’homme, ce qui lui donne aussi des raisons de vivre,cette grande et belle dimension spirituelle.
Nous pensons évidemment à ses proches, aux siens, qui sont dans la douleur et le malheur. Cet événement nous renvoie à tout ce qui a touché notre société, notre monde ces derniers mois, ces dernières semaines. Ce sont les mêmes qui veulent s’installer sur une terre au nom, paraît-il, de Dieu. Au nom de quelle acception du pouvoir, de quelle société, ces hommes qui tuent, chassent d’autres musulmans de leur terre, chassent des chrétiens habitant une terre depuis desmillénaires aussi.
Ces hommes aujourd’hui, qui de manière inavouable, donnent la mort à des individus innocents, cela est inacceptable !
Vu le message de l’Évangile, le Christ a donné sa vie. Son sang a été source de vie. Il me revenait une citation dans l’Écriture, dans le livre de Job, qui parle du mal. Puisque là, nous sommes confrontés au mal dans tout ce qu’il a de terrible. Job disait : « Terre, ne couvre pas mon sang et que ma clameur ne trouve point de refuge. »
Je crois que la vie de Monsieur Hervé Gourdel crie aujourd’hui : « Terre, ne couvre pas mon
sang ». Nous ne pouvons oublier cela, et que sa vie crie la vie. Car, amoureux de la nature, de la montagne, c’est la vie. Que sa clameur soit une clameur de vie pour nous.
Alors, je crois que ça nous rejoint, ici sur notre terre des Alpes-Maritimes, pour nous dire le sens de la vie, sa force, son prix. Nous avons à être toujours plus solidaires les uns des autres. Dans la vie sociale, celle de notre département, nous ne sommes pas des étrangers, nous portons
ensemble l’avenir de la vie.
Ainsi, pour les communautés chrétiennes, je demande que de manière particulière l’on puisse porter dans la force de la prière cet événement, le transformant finalement en événement d’espérance.
On ne peut désespérer de l’homme et je pense que si une vie a été arrachée, elle a été
aussi donnée.
Gardons cela comme un message à partager et à vivre.
+ André MARCEAU
Évêque de Nice
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