Mgr d’Ornellas : « La PMA institue légalement l’absence du père »
Le
12 septembre, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité
entre les femmes et les hommes, a confirmé que le gouvernement
proposerait en 2018 l’ouverture de la procréation médicalement assistée
(PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules, dans le cadre de la
révision de la loi de bioéthique.
Pour Mgr Pierre d’Ornellas,
archevêque de Rennes, élargir cette technique médicale aux couples de
femmes et aux femmes seules est une « grave injustice » pour les
enfants, car elle « instituerait légalement » l’absence du père.
Mgr Pierre d’Ornellas : L’argument est faible et dangereux. Ne sera-t-il pas discriminatoire d’ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes et de fermer la gestation pour autrui (GPA) aux hommes ? Avec cette seule considération, on est conduit à favoriser l’exploitation des femmes par la GPA.
Quelle contradiction ! Et puis, vous savez, l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) contient nombre de questions non résolues et n’est pas qu’un simple blanc-seing. Sans compter le clivage mis au jour par le refus de onze de ses membres...
Comment percevez-vous le climat actuel, Emmanuel Macron ayant promis « un débat apaisé » ?
Mgr Pierre d’Ornellas : Le débat sera apaisé s’il va au fond des questions éthiques et si tous s’accordent pour dire que le vrai sujet est la filiation des enfants dont l’intérêt est « primordial ». Ce mot de l’ONU, ratifié par la France, doit être accepté par tous.
Un tel débat exige du temps et des informations fiables. Or le CCNE reconnaît qu’elles n’existent pas. Il s’agit de rien de moins que la conception d’un enfant ! Quelles valeurs anthropologiques sont engagées dans un tel acte ? Les considérer dans leur amplitude avec sagesse et précaution et donner aux enfants un cadre protecteur est la seule attitude politique responsable qui sera appréciée des Français.
Selon vous, quels aspects posent le plus problème dans cette pratique médicale ?
Mgr Pierre d’Ornellas : A mes yeux, cela reviendrait àinstituer légalement l’absence du père. Ce serait donc commettre une grave injustice vis-à-vis des enfants et faire du corps médical des techniciens chargés d’assouvir les désirs des uns et des autres, alors qu’il a vocation à soigner et accompagner les personnes effectivement malades.
Par ailleurs, qui payera les actes de tels techniciens ? Enfin - et le CCNE le note aussi -, cette mesure risque de déstabiliser tout notre système bioéthique, l’exposant à l’organisation d’un marché concurrentiel de sperme.