La Croix 05/01/2016
Éditorial par Guillaume Goubert
Dieu assassin ?
La une de Charlie Hebdo représente Dieu armé d’une kalachnikov.
En couverture du numéro spécial de Charlie Hebdo marquant le premier anniversaire des assassinats du 7 janvier 2015, le dessinateur Riss a choisi de désigner Dieu comme « l’assassin (qui) court toujours » en le représentant d’une manière typiquement chrétienne. Tant mieux, cela donne à un quotidien catholique plus de liberté pour le commenter que si d’autres religions étaient explicitement en cause.Et on le commentera sans indignation. Par respect pour ceux qui sont morts, pour la douleur des survivants. Et parce que le refus de la violence est au cœur de notre foi. L’abbé Pierre-Hervé Grosjean l’a très bien dit hier sur son compte Twitter : « De la crèche à la croix, notre Dieu se montre désarmé. Et se laisse caricaturer, sans cesser d’aimer. »
Ce n’est pas Dieu qui assassine, ce sont les hommes. Ils n’ont d’ailleurs pas besoin de Dieu pour le faire à très grande échelle. Les idéologies les plus meurtrières du XXe siècle, le nazisme et le stalinisme, n’avaient rien de religieux, elles étaient même antireligieuses. Certes, au fil de l’histoire, la religion a été, hélas, un facteur de violences et c’est encore le cas aujourd’hui en bien des lieux. Mais la religion n’explique pas tout, loin s’en faut. On parle beaucoup aujourd’hui de l’affrontement entre l’islam sunnite et l’islam chiite. Il serait peut-être encore plus juste d’évoquer la rivalité entre le monde arabe et le monde perse.
Ce n’est pas Dieu qui assassine, ce sont les hommes. Mais Dieu a besoin des hommes pour faire le bien. Beaucoup le font. De très grands héros de la non-violence étaient des hommes et des femmes de foi : Gandhi, Martin Luther King, Dorothy Day, Lech Walesa… Nombreux sont ceux et celles qui, jour après jour, trouvent dans leur foi non pas le carburant de la haine mais l’énergie de l’amour et le courage du pardon. Dieu sait combien le monde a besoin d’eux.
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