jeudi 23 octobre 2014

SYNODE SUR LA FAMILLE

On me demande souvent, qu'est-ce que vous pensez du synode ?  En lisant  les extraits de cet article de Monseigneur Léonard,   président de la conférence épiscopale belge, vous le saurez… Père Benoit PARENT

 Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, participe au Synode extraordinaire sur la Famille, qui se tient à Rome. Après la première semaine de travail, le président de la Conférence épiscopale belge, livre ses impressions.


 Article complet à cette adresse : Mgr Léonard


Dès l’ouverture du Synode, le pape a rappelé la liberté de parole qui doit présider à l’Assemblée synodale. Personne ne doit taire sa pensée parce qu’elle serait censée déplaire au Pape! Ce conseil a été bien suivi. En effet, une grande liberté d’expression règne dans la salle du Synode. Dans un climat de grande écoute et de respect mutuel.
Jusqu’à ce 10 octobre au soir, mes impressions dominantes sont les suivantes:

Il y a un accord fondamental sur les points essentiels: la beauté de la famille, l’indissolubilité du mariage et l’urgence d’une pastorale renouvelée et dynamique pour aider les jeunes à s’engager dans le mariage chrétien et les couples à y persévérer.
Les différences culturelles sont énormes selon les continents.

Avec une liberté d’expression qu’on trouve rarement en Occident, beaucoup d’épiscopats africains, certains épiscopats latino-américains et même océaniens, dénoncent les agences liées à l’ONU en conditionnant l’aide économique à la promotion de ces pratiques. Réaction typique d’un évêque africain: « Gardez votre argent et nous garderons nos valeurs! »

J’ai rappelé que le fossé dénoncé par de nombreux évêques entre l’enseignement de l’Eglise, tel en tout cas qu’il est perçu, et ce que vivent les familles et les personnes est, effectivement, inquiétant. Mais un décalage se réfère toujours à deux pôles, à savoir, en l’occurrence, l’enseignement, plus ou moins bien connu, de l’Eglise catholique, d’une part, et, d’autre part, l’expérience effective vécue dans la société et même parmi les catholiques. Il y a donc deux principales manières de combler ce décalage malsain entre doctrine et pratique. La première consisterait à adapter l’enseignement de l’Eglise et, en tout cas, sa discipline à la pratique ambiante en révisant l’un et l’autre à des degrés divers. L’autre manière consiste plutôt à mieux présenter l’enseignement de l’Eglise, en en soignant l’expression à tous niveaux et toujours de manière positive, jamais sous forme de simples interdits. Cette meilleure présentation devrait, bien sûr, s’accompagner de la proximité pastorale aidant les fidèles à vivre l’idéal moral chrétien le mieux possible, en se laissant inspirer en profondeur par lui.

C’est pourquoi plusieurs de mes confrères évêques de Belgique ont souligné l’importance d’une approche spirituelle, et pas seulement morale, de l’éthique familiale, l’importance aussi de se laisser interpeller par les pratiques concrètes avant de vouloir les orienter, l’importance encore de tenir compte de l’évolution récente de la perception du mariage comme lieu d’épanouissement personnel des individus ainsi que de l’évolution du rôle de la femme dans la société. Il nous faut donc d’abord être proches des gens à la manière de Jésus, avec accueil et bienveillance, si nous voulons que l’Evangile et l’Eglise soient prioritairement une Bonne Nouvelle pour la famille, une parole forte et encourageante.

Comment allons-nous maintenir le tranchant de l’Evangile et l’extrême exigence de la parole de Jésus concernant le mariage avec l’accueil miséricordieux des personnes dans leurs situations concrètes? Comment allons-nous allier amour et vérité sans décourager les accidentés de la route conjugale et sans démobiliser ceux et celles qui ont fait le pari d’être, jusqu’au bout, fidèles à l’alliance conjugale avec la grâce de Dieu?

Comment allons-nous aborder les diverses problématiques, surtout les plus délicates, en sachant qu’elles se présentent de manière parfois fort différentes selon les continents, les nations et les cultures, mais en sachant aussi que, comme Eglise catholique et donc universelle, il nous faut néanmoins parler à toutes les nations en tenant un même langage sur le fond?

Enfin, dans une intervention dite « libre » (3 minutes!), j’ai donné le témoignage suivant. Depuis plus de 20 ans, avec l’aide de la pastorale familiale, j’organise plusieurs fois par an une journée entière d’accueil pour les personnes séparées, divorcées ou remariées. Au cours de ces journées, nous écoutons les personnes, soit individuellement soit en groupe, et nous accueillons leurs souffrances et leurs questions, car, comme l’a dit le Cardinal Danneels dans son intervention, l’écoute est déjà, par elle-même, thérapeutique. Nous prions aussi ensemble.

On me demande également un petit enseignement. Presque toujours, d’une manière ou d’une autre, le thème développé à partir d’un texte biblique est: « Le Seigneur offre à chacun, quelle que soit sa situation, un chemin de conversion et de sainteté! » Et si, par la suite, on m’interroge sur les questions difficiles, je réponds toujours à partir de la doctrine et de la discipline actuelles de l’Eglise catholique, mais avec douceur, respect, bienveillance et patience…….


Mgr A.-J. Léonard,  Archevêque de Malines-Bruxelles

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Benoit

benoitparent@gmail.com

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