dimanche 27 janvier 2019



Editorial du mois de janvier


Votre curé a passé une semaine familiale en Charente, terre d’enracinement depuis plusieurs siècles déjà... Travaillant (un peu) dans des chais, ma pensée divagua vers une idée pour ce billet du mois de janvier, sans qu’aucune vapeur alcoolisée ne l’y entraînât…

Pardonnez ma prétention à confier succinctement comment s’élabore le cognac – spécificité bien de là-bas. Après les vendanges de septembre, le raisin est broyé et le moût (le jus issu du pressurage) est mis à fermenter pendant quelques semaines. Cela donne un mauvais vin, acide et peu alcoolisé (7-9°) mais vin idéal pour une double distillation ! La première distillation donne du brouillis, distillé à nouveau pour donner la bonne chauffe. Au cours de ces deux distillations, la tête et la queue (ce qui sort en premier et en dernier) sont jetées car inutilisables. Reste le coeur (entre la tête et la queue,) une eau de vie titrant à 70° après la seconde distillation. Cette eau de vie va vieillir des années dans des fûts de chêne du Limousin puis sera coupée (ou non) avec d’autres eaux de vie pour donner le cognac : ce liquide ambre, vrai parfum des dieux, lequel couronne délicatement un bon repas sur une note légère !

Où veut en arriver le curé ? à cela : les vendanges, d’où naît le moût, sont l’occasion d’une grande fête ; suivies du repos avant le gros travail de distillation.
Noël est comme les vendanges : des hottes pleines de raisin pour la naissance d’un ‘petit Jésus en culotte de velours’ ![1]
Il y a ensuite ces semaines de repos où ces grâces vendangées à Noël doivent se transformer avec la distillation qui aura lieu lors du carême. Nous pourrons alors nous débarrasser de notre laideur dans ce carême… Il nous permettra enfin de devenir ce nectar délicieux plongé dans la mort et la résurrection de notre Sauveur !

Ce repos d’après Noël et d’avant Carême n’est donc pas un moment d’oisiveté spirituelle ; plutôt un moment de maturation pour donner le meilleur de nous-mêmes. Le raisin, sans l’homme, est mangé par les oiseaux et pourrit. De même l’homme sans Dieu est mangé par le péché et pourrit. Pour éviter cette pourriture et être bon pour Dieu et l’humanité, optons pour cette distillation de nos âmes : nous n’en serons que meilleurs.

A votre bonne santé pour 2019 !!


[1] Même si dans le cognaçais, les vendanges se font avec des machines.

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